Wide Awake

& Althea ; centre-ville,  23 : 54.

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La nuit est déjà bien avancée, alors qu’Olympe se gare dans l’une des rues de la capitale. Malgré l’heure et le fait qu’il soit déjà vingt-trois heures passées, on y croise encore quelques âmes bien vivantes. Tant mieux, Olympe aurait eu beaucoup plus de mal s’il n’y avait eu personne. Elle est arrivée en avance, bien en avance, ce qui est relativement exceptionnel chez elle, Olympe étant généralement du genre à vouloir se faire désirer. Mais aujourd’hui, elle a une mission. Un rôle. Un devoir. Appelez ça comme vous le voulez ; le fait étant qu’elle est occupée à devoir travailler avec Althea, ce soir. Ceci étant maintenant posé, pour Olympe, le fait de devoir être en binôme avec Althea était bien plus important que l’objet de la mission. Mais du coup, ceci souligne aussi que Olympe avait mis les bouchées triples - et non pas doubles - pour essayer de mener à bien tout ceci.

Heureusement, elle avait pu compter sur Ambroise pour lui initier la tâche ; et à défaut de s’être personnellement déjà rendue dans ce quartier de la ville, Ambroise l’a fait pour elle, ce qui fait qu’elle connaît un peu les lieux. Bon, elle s’est aussi fait un bon petit paquet de mémo aussi, histoire de ne rien oublier. Elle les relit une dernière fois. Il s’agit soit de témoignages, soit de photos, soit de plans, soit de petites annotations qui peuvent lui faire écho - évidemment, le tout est signé Ambroise, il n’y a sur Terre et au Ciel que lui qui soit capable d’autant de rigueur, et si habituellement, Olympe trouve qu’il en fait trop, aujourd’hui, ça l’a rassure.  

L’heure tourne, l’heure passe. Elle coupe le moteur une minute avant l’heure du rendez-vous. Elle attrape la veste laissée sur la banquette arrière, glisse tous ses papiers dans l’une de ses poches, puis sort du véhicule. Une posture fière et déterminée, Olympe marche quelques mètres jusqu’à arriver au fameux petit croisement qui servait de point de rendez-vous. Elle ignore si elle est encore seule ou pas ; ce faisant, elle demande à voix basse, histoire de n’attirer l’attention que de l'intéressée si elle y est, sinon de personne. « Althea ? ». Si elle ne veut en rien paraître impressionnée, perdue, et quelque peu anxieuse (ce qu’elle est totalement au fond d’elle), sa voix la trahit un peu.

Wide Awake

& Althea ; centre-ville,  23 : 54.

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La ruelle est vide, il n’y a personne devant elle. Mais, uniquement devant elle. Parce qu’elle sent, l'instant d’après, un mouvement, puis une main qui vient contre son épaule. Si, fondamentalement, ce n’est rien, ce n’est qu’une petit tapotage d’épaule ; Olympe se crispe d’un coup. Sa respiration s’accélère au même rythme que les battements de son cœur, ses muscles se tendent tous en même temps, des millions de pensées surviennent d’un coup dans son esprit. La peur la guette toujours un peu plus à chaque fois. Et si, quand la propriétaire de la main s’annonce, Olympe retrouve peu à peu son sang froid ; elle sait aussi que si ça n’avait pas été Althea, elle aurait été incapable de faire quoi que ce soit. Et cette pensée lui procure un frisson dans le dos. Pourquoi se retrouve-t-elle incapable du moindre mouvement ? Elle n’arrive toujours pas à chasser de son esprit les souvenirs de sa dernière rencontre avec un démon.

« Je pourrais te répondre à l’identique. ». Elle tente de paraître sûre d’elle, Olympe. Elle affiche son meilleur masque - le masque qu’elle ne quitte jamais en public, celui sous lequel tout le monde la connaît. Elle ne l’est évidemment pas. Elle lève les yeux pour venir croiser le regard d’Althea - quelle idée d’être aussi grande, aussi. Elle ignore quoi répondre de plus, Olympe. Peut-être parce qu’habituellement, ce n’est jamais elle qui arrive la première, parce qu’elle veut se faire désirer ; où alors, tout simplement qu’elle ne sait pas quoi répondre de plus parce que c’est Althea, cette solution étant également possible.

Alors, pour combler le vide aussi vite que possible, elle sort de la poche de sa veste la série de notes qu’elle a précieusement gardé. « J’ai pris de l’avance, je suis déjà passée en journée, et j’ai noté tous les endroits stratégiques de la zone. ». Merci Ambroise, mais ça, personne n’a besoin d’en être au courant. « Tu veux y jeter un œil, où tu me fais confiance ? ». Olympe n’est pas du tout faite pour être sur le terrain, elle, elle reste en retrait, et est bien plus efficace à distance. Mais, face à Althea, elle ne veut pas le montrer. Elle garde son attitude de chef, de celle qui veut prendre les rênes ; même si elle propose quand même à Althea de regarder avant de la laisser agir.

Wide Awake

& Althea ; centre-ville,  23 : 54.

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De part un réflexe purement inconscient, Olympe exerce une pression un peu plus forte quand Althea attrape les bouts de papier. Un peu comme si elle ne voulait pas vraiment lui montrer, et ce, pour une raison qu’elle ignore. Lorsqu’elle s’en rend compte, Olympe, elle essaye de relâcher la pression dans chacun de ses muscles. Elle se répète mentalement qu’elle n’a rien à craindre, de toute façon, elles sont ensemble, n’est-ce-pas ? Olympe reste terrifiée. Terrifiée parce qu’elle ne sait pas ce qui l’attend ce soir. Terrifiée parce qu’elle ne veut pas décevoir ce soir. Terrifiée à l’idée de paraître incompétente ce soir. Terrifiée à l’idée de ne plus savoir garder le contrôle ce soir. Terrifiée à l’idée d’être elle-même.

Alors oui, quand Althea lui propose de parler plutôt que de simplement lire les notes, ça la rassure à Olympe. Elle peut focaliser son attention sur autre chose. C’est un sujet qu’elle maîtrise, même pas besoin de talent d’improvisation. « Bien sûr. Il y a un parking à étage à trois cent mètres d’ici…. Et elle lui explique, Olympe. Qu’il n’y a personne de garé ici la nuit, si ce n’est peut-être une trentaine de voitures, mais sur les plusieurs centaines de places disponibles, c’est comme si c’était vide. Peu de lumières, mis à part celles des issues de secours et de l'ascenseur, personne ne peut les voir de la rue à moins de se focaliser précisément sur l’endroit où elles se trouvent ; et à l’inverse, elles auraient le champ de vision libre sur une grande partie du quartier. Seules une pincée de ruelle sont totalement inatteignables, mais il s’agit surtout de voies sans issues bloquées par des murs. »

Son discours terminé, elle avance, Olympe. Elle a son plan, elle n’en bougera pas, sauf extrême urgence. « Ne t’en fais pas, je ne m’égare jamais. ». Le dit-elle pour Althea ou pour elle ? On ne sait pas ; ce qui est sûr, c’est que sitôt ces mots prononcés, un frisson lui parcourt le dos. Oh, elle redoute le pire, Olympe. Elle redoute pire que de s’égarer…

Et quand elles arrivent au meilleur emplacement du parking, un nouveau frisson la surprend. Elle regarde Althea. « Je sais qu’il ne devrait pas tarder à arriver. Mais j’ignore tout de lui. ». Ambroise n’avait pas écrit grand-chose sur le démon. Si ce n’est le mot prudence en lettre capitale souligné quatre fois. Oh, elle sait qu’il a déniché plus que ça sur le démon, mais si Ambroise n’a pas voulu qu’Olympe en sache plus, c’est qu’il a supposé que c’était plus prudent pour elle qu’elle ne sache rien. Ambroise connaît Olympe aussi bien qu’elle-même le connaît. Ce qu’elle ignore par contre, c’est à quel point il pouvait avoir raison quand il lui disait d’être prudente… « Je n’ai jamais vraiment pisté un démon de cette envergure… ». Elle avoue quand même à demi-mot. Elle a peur que ce soit la fin Olympe, elle a peur…